Henryot & Cie Manufacture de mobilier d'exception depuis 1867.

Une retraite bien méritée pour notre couturière Martine

1 février 2021

 

Après le départ en retraite marquant de notre sculpteur sur bois Thierry Chopin en 2020 (Meilleur Ouvrier de France), la manufacture voit aujourd'hui partir l'une des femmes qui faisait partie des murs de la maison Henryot. Notre couturière Martine nous a livré les détails de ses 43 ans de fonction chez Henryot & Cie 1867.

Comment la couture est arrivée jusqu'à vous ?

Après mon année de 3ème, j'ai opté pour un CAP couture à l'école Saint-Charles de Liffol-le-Grand (devenue par la suite l'école de musique). J'y suis rentrée en 1976 pour en sortir diplômée en 1978 à 17 ans. C'est Monsieur Pierre Roitel (père de l'actuel gérant de la manufacture Dominique Roitel) qui m'avait conseillé de rentrer dans cette école.

Vous souvenez-vous de vos débuts chez Henryot & Cie ?

C'était en 1978, juste après avoir eu le diplôme. À l'époque en sortant de l'école Saint-Charles on savait tout faire, ce n'est plus comme aujourd'hui. Je me souviens, on était une bonne dizaine dans l'atelier de couture de l'usine.

Depuis presque 7 ans, Martine était devenu chef du secteur couture au sein de la fabrication, forte d'une longue expérience chez Henryot & Cie, elle a pu faire partie de nombreux projets d'envergure, et aura vécu l'évolution de l'Entreprise, du particulier au professionnel.

Quels sont les meilleurs souvenirs de votre travail à la Manufacture ?

L'Opéra Garnier et le Royal Mansour (Marrakech)

Pour l'Opéra, j'ai mis en place la robe de la Grande Catherine (voir photo) sur place. Un matin, on est venu me voir en me disant qu'il fallait que je fasse une robe de 7 mètres de diamètre. Au début, j'ai pensé que je n'y arriverais jamais. Il m'aura fallu 1 mois pour confectionner cette robe. Je m'en souviens comme si c'était hier, nous sommes arrivés à 6 h 00 au petit matin à l'Opéra Garnier, nous étions 5 compagnons de la Manufacture. Un gardien nous a ouvert les portes, et nous avons marché pieds nus sur les marbres pour y entrer. On nous a fait visiter, c'était prestigieux. Nous étions les seuls à l'intérieur, c'était impressionnant, et ensuite nous nous sommes mis au travail dans une salle de l'Opéra pour monter le projet. Je m'en souviendrai toute ma vie. Vraiment, ça m'a touché.

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Quelle évolution avez-vous pu remarquer dans votre métier ? Quelle différence y'a-t-il entre vos débuts chez Henryot & Cie et aujourd'hui ?

Au début, nous faisions du travail en série uniquement, il fallait être efficace. Nous travaillions sur catalogue, un catalogue avec énormément de références d'ailleurs. Aujourd'hui nous faisons de la commande particulière. À l'époque on était environ 300 ici, répartis sur plusieurs sites. J'ai vu l'évolution des bâtiments, les changements de secteurs (atelier de finition, menuiserie…). À part ça, les machines à coudre ont évolué, elles sont plus ergonomiques. Cela limite les douleurs aux bras ou tendinites liées à notre métier.

Après avoir effectué toute sa carrière professionnelle au sein de Henryot & Cie, Martine part aujourd'hui, non le cœur lourd, en laissant derrière elle deux jeunes couturières à qui elle a transmis tout son savoir et ses souvenirs du métier.

Pour elle la retraite, c'est aussi la possibilité de s'adonner à ses passions : la marche, le vitrail et les voyages. Nous lui souhaitons une belle, longue et heureuse retraite. Nous la remercions pour son travail, son investissement et sa bonne humeur pendant toutes ces années.